Conférence européenne sur les NBT : quelle place pour l'innovation ?
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Jeudi 28 septembre 2017, à l’initiative de la Commission européenne, se tenait à Bruxelles une conférence de haut niveau sur le thème « Biotechnologies modernes en agriculture : ouvrir à la voie pour une innovation responsable ». Réunissant des experts issus de milieux variés (recherche, politique, entreprise, association, etc.), la conférence s’est divisée, en plus d’une longue introduction, en trois ateliers. Cet article, consacré à ce qui a été dit au cours de l’introduction, sera suivi d’autres comptes-rendus des ateliers.
« L’avenir de l’Europe, c’est l’innovation »
En ouverture, le Lituanien Vytenis Andriukaitis, commissaire européen chargé de la santé et de la sécurité alimentaire, a insisté sur le besoin de « stimuler un débat ouvert et éclairé », alors que celui sur les biotechnologies couvre des enjeux à la fois éthiques, réglementaires, sociaux, économique et sécuritaires.
L’innovation doit selon lui permettre de répondre à un triple défi : « Alors que la filière agroalimentaire est touchée par le changement climatique, il faut dans le même temps nourrir le monde et garantir un revenu aux paysans ». Pour ce chirurgien de formation, l’avenir de l’Europe passe nécessairement par l’innovation, précisant que cette dernière ne doit pas non plus se faire « au détriment de la sécurité ».
« Faire de l’Europe un leader de la biotechnologie végétale »
Résolument favorable aux biotechnologies végétales, Tarmo Tamm, ministre de l’agriculture de l’Estonie, estime que les techniques classiques ne sont plus suffisantes. Pour relever les défis qui se présentent (accélération démographique et changement climatique), les NBT offrent selon lui des solutions « plus rapides ».
Son intervention a surtout été marquée par une approche originale, celle de la souveraineté européenne. En effet, Tarmo Tamm redoute qu’une loi défavorable aux biotechnologies provoque un éloignement des experts européens. Surtout, il craint que l’Europe prenne du retard et soit, à terme, obligée de « s’adapter à des techniques développées ailleurs dans le monde ».
En outre, il rappelle qu’un processus décisionnel trop lent pour réglementer les biotechnologies aura un impact négatif sur notre compétitivité. L’Europe a selon lui besoin d’adopter une approche commune et réfléchir à long terme. Il a finalement conclut son intervention en insistant sur le « besoin de solutions innovantes pour faire de l’Europe un leader de la biotechnologie végétale ».
« Nous sommes tous des mutants »
Dernier orateur de la partie introductive, Janusz Bujnicki, membre du Scientific Advice Mechanism, est revenu sur le rôle du SAM et sur la note explicative remise à la Commission européenne en mars. Il a tout d’abord rappelé l’indépendance totale de cet organe, dont le travail se base « uniquement sur des preuves scientifiques éprouvées ».
La note explicative en question consistait à comparer les techniques conventionnelles, les anciennes ainsi que les nouvelles afin de rendre un avis « purement scientifique » et non « juridique ». Il en ressort que les NBT, malgré une grande diversité entre elles, sont « beaucoup plus précises que les techniques conventionnelles ».
S’il admet qu’il peut exister des effets « hors-cible » suite à l’utilisation des NBT, Janusz Bujnicki insiste sur le fait que ces changements non intentionnels ne sont pas « forcément mauvais », contrairement à ce que l’on pourrait instinctivement penser. Il rappelle d’ailleurs que « les organismes mutent [naturellement] en permanence » et que, par conséquent, « nous sommes tous des mutants ». Il estime finalement qu’il n’est pas possible de définir la sécurité d’une technique « à partir de la probabilité qu’elle produise des effets hors-cible ».
La conférence s’est poursuivie par les trois ateliers suivants, dont des comptes-rendus seront proposés prochainement : « Favoriser une recherche et une innovation responsables dans les biotechnologies modernes : comment en tirer des bénéfices pour l’Union européenne » ; « Biotechnologies modernes en agriculture et challenges sociétaux : réaliser les opportunités et répondre aux préoccupations » ; « Comment promouvoir l’innovation et garantir une utilisation sûre des biotechnologies modernes dans l’Union européenne ».