NBT et agriculture bio : pas de contradiction pour la FiBL
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La décision de la Cour de justice de l’Union européenne concernant la mutagénèse, en 2018, a mis en lumière un débat récurrent parmi les acteurs de l’agriculture : les techniques modernes de sélection variétale sont-elles compatibles avec la bio et ses principes directeurs ? Jusqu’à présent, le débat était obéré par la question de la transgénèse. Mais le développement de techniques comme CRISPR-Cas9 au sein d’organismes de recherche, et les premiers essais, nourrissent la réflexion des acteurs vers une plus grande ouverture de la bio aux NBT. En effet, les objectifs de réduction d’utilisation d’intrants (engrais, eau, phytosanitaires) sont, par exemple, communs à toutes les formes d’agriculture, conventionnelle ou biologique.
Une nécessaire évaluation : mais comment ?
Bien que publié en 2015, le rapport de la FiBL (Forschungsinstitut für biologischen Landbau, créé en Suisse en 1973), un des organismes de recherche sur l’agriculture biologique les plus importants, est toujours d’actualité. Il revient sur un dilemme récurrent. D’un côté, la complexité des nouvelles techniques de sélection variétale peut soulever de la réticence chez les acteurs de la bio et chez une partie des consommateurs. De l’autre, si ces techniques sont rejetées d’emblée, la bio risque de délaisser des méthodes et outils capables de répondre aux besoins de l’agriculture du XXIème siècle.
Aussi, l’institut germanophone estime nécessaire de mettre en place un système d’évaluation, objectif et transparent, de l’ensemble des techniques – actuelles et futures – de sélection variétale au regard des principes directeurs, éthiques et écologiques, de la bio : préservation de l’intégrité de la plante, augmentation de la diversité génétique, respect des barrières interespèces ou encore adaptation optimale aux conditions pédoclimatiques locales.
Les exigences de l’agriculture biologique
La FiBL rappelle que la plupart des variétés actuellement disponibles pour la bio proviennent de l’agriculture conventionnelle. Toutefois, ces variétés répondent-elles réellement aux besoins de la bio ? Selon elle, il est utile d’évaluer les semences sélectionnées sous ce prisme, mais également en prenant en compte divers facteurs de conduite culturale, communs à toutes les formes d’agriculture : rotation des cultures, fertilisation des sols, lutte contre les maladies et les parasites, stabilité des rendements, qualité nutritionnelle et sensorielle, etc.
A ce stade, la FiBL ne tranche pas le débat mais offre un cadre clair de réflexion sur les besoins de l’agriculture biologique et l’intérêt des NBT pour y répondre. L’institut explore ainsi différentes méthodes d’amélioration des plantes (fusion de protoplastes, propagation in vitro, mutations induites et sélection hybride). L’organisme rappelle toutefois que la transgénèse reste exclue de la bio.
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PS : On pourra également relire le rapport 2001 sur ce sujet (en français) : Techniques de sélection végétale, Évaluation pour l’agriculture biologique.