CRISPR, un des grands progrès de la décennie

  • Christian V.
Blog "Tu mourras moins bête... mais tu mourras quand même !"

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À l’approche de la fin de la décennie 2010, de nombreux journalistes se sont interrogés sur les grandes avancées de la science qui l’ont marquée. Et parmi celles-ci, la méthode CRISPR (en particulier CRISPR-Cas9) est indubitablement une invention qui a d’ores et déjà révolutionné la recherche en biologie et en médecine.

 

Le mécanisme CRISPR a été découvert chez des bactéries qui luttent contre les attaques de virus, en 2012 par la Française Emmanuelle Charpentier et l’Américaine Jennifer Doudna (ou l’Américain Feng Zhang, l’attribution de la parenté de la découverte – et des brevets y afférant - fait toujours rage entre les chercheurs). Ce système est d’une grande simplicité et efficacité : un ARN guide capable d’identifier des séquences ADN caractéristiques (CRISPR) est associé à une endonucléase (les protéines Cas9, Cas12…) qui, elle, va découper ces séquences ADN pour inactiver le virus. Cette manière d’agir vaut à la méthode le surnom de « ciseaux moléculaires ».
La raison du succès de cette méthode, très rapidement adoptée par tous les laboratoires de la planète, est que ce mécanisme peut être facilement reproduit par l’homme. Il est particulièrement simple de créer un complexe CRISPR-endonucléase : c’est à la fois rapide (quelques jours pour le créer) et bon marché (quelques dizaines de dollars). En comparaison, d’autres NBT, comme les TALENs ou les ZFNs (qui ont aussi leur intérêt), sont nettement plus compliquées à fabriquer.

 

CRISPR a déjà marqué l’Histoire

 

Les champs d’application de CRISPR sont presque infinis : thérapie génique chez l’être humain, sélection des plantes et animaux d’élevage, contrôle des populations de nuisibles (en particulier les moustiques porteurs de maladies comme la malaria)… Le terme « révolution » est ainsi régulièrement accolé à CRISPR. Et cela, non sans raison.
L’AFP liste ainsi ces ciseaux moléculaires parmi « les six grandes percées de la décennie », aux côtés de la découverte d’indices de la possible existence (passée) de vie sur la planète Mars (présence d’eau, molécules organiques…) ou l’identification d’Homo denisova, Homo naledi ou Homo luzonensis qui viennent enrichir l’histoire de l’évolution humaine. De fait, l’Agence France Presse a mis l’accent sur une meilleure connaissance de l’environnement de l’être humain (y compris à l’échelle cosmique) et sur la manière d’interagir avec lui, que ce soit grâce à CRISPR ou au développement de l’intelligence artificielle.
Cette vision des avancées scientifiques est également partagée par Le Monde, qui évoque des « découvertes vertigineuses ». Dans le cas de CRISPR, ce sont principalement ses applications médicales qui ont retenu l’attention du quotidien du soir. Celui-ci rappelle toutefois qu’il reste des questions à résoudre concernant la précision de la méthode, et que les implications éthiques sont vastes (notamment après les expérimentations unanimement condamnées d’un chercheur chinois sur des jumelles).

 

Dans le domaine de la biologie végétale, le projet allemand Progressive Agrarwende a aussi proposé une initiative originale : un calendrier de l’avent (traduit dans la plupart des langues européennes) pour faire connaître les premiers succès de CRISPR. Par exemple :
-    Jour 1 : une laitue plus riche en vitamine C et dont le brunissement des feuilles est ralenti
-    Jour 2 : une orge résistante au virus de la jaunisse nanisante
-    Jour 3 : un kiwi plus facile à cultiver (plus compact, à la floraison plus précoce)
-    Jour 4 : un riz plus tolérant à la salinité des sols
Ces quelques illustrations démontrent le potentiel de CRISPR pour répondre aux besoins humains et de l’environnement : meilleure nutrition, moins de gaspillage, moins de pesticides, meilleurs rendements, adaptation aux changements pédoclimatiques (locaux ou planétaire)…

 

Il est donc logique de la part des journalistes d’avoir listé CRISPR parmi les grandes avancées des années 2010. Demeure un point négatif, alors que les États-Unis, la Chine et de nombreux autres pays du globe font de plus en plus de recherches (médicales, agricoles…) grâce à CRISPR, l’Europe est à la peine.

Nature Biotechnology (2019)

Nature Biotechnology (2019)

PS : la vulgarisatrice scientifique Marion Montaigne (alias prof Moustache) a consacré un très intéressant strip à CRISPR-Cas9 !


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