Les biotechnologies vertes, enjeu stratégique selon un rapport de l’Académie d’Agriculture

Rapport de l'Académie d'Agriculture de France sur les biotechnologies vertes (NBT)

Après avoir mené une enquête auprès de 80 centres français de sélection des plantes, un groupe d’experts de l’Académie d’Agriculture de France* a publié son rapport sur les biotechnologies vertes. Ces dernières, qualifiées de « stratégiques », doivent selon ce groupe permettre à la France de conforter sa position dominante dans le domaine des semences, à condition de bénéficier d’un cadre réglementaire adéquat.

 

La filière semences, un fleuron de l’agriculture française

 

Tout d’abord, les experts de l’Académie d’Agriculture rappellent le poids de la filière semences en France, qui a connu une forte progression de son chiffre d’affaires au cours des dix dernières années (+65%). En 2015, il atteint 3 milliards d’euros, dont la moitié à l’exportation, pour un solde positif de 900 millions d’euros (une petite victoire face au déficit commercial de 46 milliards…). La France est ainsi le premier exportateur mondial de semences et de plants et le troisième producteur mondial de semences, derrière les États-Unis et la Chine.

 

Cette réussite s’explique notamment par la place accordée à la R&D (13% du chiffre d’affaires), alors que le besoin d’innovations variétales s’accroît sous l’effet d’un double phénomène :

  1. 1) Un taux de renouvellement des variétés de plus en plus élevé : en France, l’âge moyen des 10 premières variétés des principales espèces des grandes cultures est inférieur à 7 ans.
  2. 2) Une segmentation de plus en plus précise du marché des semences, qui requiert la création de nouvelles variétés adaptées à chaque segment.

 

Les NBT, vecteurs d'innovation

 

Dans les dix ans à venir, les experts de l’Académie d’Agriculture estiment que les new breeding techniques pourraient, en outre, générer une vague d’innovations variétales aidant l’agriculture à relever trois défis majeurs : produire plus et mieux (amélioration des qualités nutritionnelles), respecter l’environnement (réduction de l’usage de phytosanitaires) et s’adapter au changement climatique (meilleure tolérance à la sécheresse).

 

À titre d’exemple, avec la méthode conventionnelle du rétrocroisement, il faut entre 25 et 30 ans pour introduire la résistance à la tavelure chez le pommier. Grâce à la mutagénèse dirigée, cette introduction pourrait être réalisée en 5 ans et avec une plus grande précision.

 

Toutefois, si la France veut profiter de cette vague d’innovation pour continuer à jouer les premiers rôles dans le secteur semencier, elle doit espérer que les NBT bénéficient, dans l’Union européenne, d’un cadre réglementaire favorable. Dans le cas contraire, cela favoriserait les importations de semences et de produits agroalimentaires. De plus, selon le rapport, les NBT devraient aussi permettre l’amélioration d’espèces orphelines, dont le marché de trop petite taille ne permet pas les lourds investissements requis par les méthodes anciennes.

 

Enjeu stratégique à plusieurs échelles (économique, environnementale, etc.), l’avenir des biotechnologies vertes est pour l’instant suspendu à la décision de la Cour de Justice de l'Union européenne, qui devrait statuer sur leur sort en 2018. Le 28 septembre prochain, la Commission organisera d’ailleurs une conférence « de haut niveau » sur les nouvelles techniques de sélection des plantes.

 

 

* Le groupe de travail « Nouvelles biotechnologies agricoles et alimentaires » se compose de :
Gil Kressmann et Philippe Gracien (section Agrofournitures de l’Académie d’Agriculture) ; Jean-Marc Boussard et Brigitte Laquièze (section Sciences humaines et sociales) ; Yvette Dattée, André Gallais, Philippe Gate, Bernard Le Buanec, Marc Richard-Molard et Catherine Regnault-Roger (section Productions végétales) ; Louis-Marie Houdebine, Bernard Mauchamp, Jean-François Morot-Gaudry, Georges Pelletier, Jean-Claude Pernollet, Dominique Planchenault et Agnès Ricroch (section Sciences de la vie) ; Michel Serpelloni (section Alimentation humaine).

 

Suivre l'actualité des NBT sur Twitter et Scoop.it

 

Hébergé par Overblog