Un Chinois à la tête de la FAO, quelles orientations pour les biotechnologies ?

Première dans l’histoire de la FAO, l’élection d’un candidat chinois à sa tête. Spécialiste de la sélection variétale, Qu Dongyu pourrait donc jouer un rôle moteur dans le développement des NBT à travers le monde.

De la désignation d’un vice-ministre chinois comme directeur-général de la plus importante agence technique de l’ONU (plus de 11 000 agents), la plupart des observateurs ont retenu qu’il s’agissait d’une victoire diplomatique de l’Empire du Milieu. La Chine a en effet réussi à faire élire son candidat dès le premier tour face à sa principale rivale : la Française Catherine Geslain-Lanéelle. Cette dernière, ingénieure des eaux et forêts, a notamment été directrice exécutive de l’EFSA (l’agence européenne de sécurité des aliments), mais elle n’a pu réunir que 71 voix contre 114 pour Qu Dongyu.
Fait notable de ce type d’élections onusiennes et que regrettait d’ailleurs Nature, le projet des candidats n’a que peu d’importance comparé aux jeux d’influence qui se jouent entre Etats pour positionner leurs représentants à des postes-clefs de la concertation internationale. Or, la FAO a un rôle particulièrement important à jouer, en raison du changement climatique, de l’augmentation de la population et du maintien de zones de grande pauvreté et de précarité alimentaire autour du globe.

La technologie vue comme une source de progrès humain

Face à ces différents enjeux, les NBT peuvent constituer une partie de la solution. Dans cette perspective, Catherine Geslain-Lanéelle indiquait qu’elle défendrait, si elle était élue, une position plus consensuelle sur les biotechnologies que la position très restrictive de l’Union européenne.
De son côté, Qu Dongyu, dans son dossier de candidature, rappelait qu’il avait « avec succès réduit la pauvreté grâce à la science et à la technologie » lorsqu’il occupait le poste de gouverneur de la province du Ningxia (l’une des régions les plus pauvres et rurales de Chine). En complément du travail mené pour permettre aux paysans locaux de vivre de leur production en développant le commerce avec le reste du pays, Qu Dongyu a mis l’accent sur la sélection des semences, notamment de baies de Goji dont cette région est la principale productrice.
Hormis ses responsabilités politiques comme gouverneur puis vice-ministre de l’Agriculture, Qu Dongyu a également été l'un des principaux scientifiques impliqués dans le consortium international de séquençage du génome de la pomme de terre, étape essentielle au développement de nouvelles approches d’amélioration de ce végétal.

La Chine en pointe sur les NBT

Le choix des responsables chinois de choisir ce scientifique devenu homme politique est à l’image de leur volonté de faire de leur pays le leader incontesté des nouvelles techniques d’amélioration des plantes. En effet, une estimation de 2018 fait état que 73% des brevets sur les NBT sont déposés par des universités et instituts chinois (alors qu’elles ne contribuaient qu’à hauteur d’à peine plus de 1% en 2010), et même 95% dans le cas de CRISPR-Cas9. Un effort tout particulier est porté sur le riz, principale source de calories de la population. Conscient de l’importance de ces recherches pour l’avenir du pays, le gouvernement central a choisi d’adopter une approche au cas par cas pour réguler la mise en culture de nouvelles variétés de plantes obtenues grâce aux new breeding techniques.

Il est probable que Qu Dongyu mène donc une politique favorable à l’usage des NBT afin d’apporter une solution technique aux enjeux auxquels la population mondiale est confrontée. A cet égard, la plupart des pays du monde ont fait le choix d’avoir une approche ouverte des NBT pour nourrir leur population et favoriser l’adaptation des cultures au changement climatique. Sur ce sujet, le nouvel homme fort de la FAO devrait mener une politique approuvée par le plus grand nombre d’Etats, hormis ceux d’Europe, pour l’heure très réservés sur l’usage des nouvelles techniques de sélection.

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